C'est vrai que la rupture conventionnelle a fait peu parler d'elle. J'ai entendu comme tout le monde que ce beau mécanisme allait réduire considérablement les contentieux aux Prud'hommes. Etant confronté à une demande de rupture conventionnelle par une collaboratrice "fatiguée", j'ai dû y regarder de plus près. En fait, la rupture conventionnelle, c'est l'institutionnalisation des abus. Car pourquoi un salarié demande-t-il ce mécanisme de rupture de contrat de travail ? Uniquement pour profiter des indemnités chômage.
Par conséquent, nous passons d'un système inique dans lequel un salarié sur quatre menait son ex-employeur devant les Prud'hommes pour récupérer un petit quelque chose - et parfois le jackpot - à un système où l'ensemble des entreprises sont pénalisées à travers leur cotisation chômage. Cela en dit long sur la dégradation de notre société qui encourage la paresse, et de la compromission des syndicats patronaux...je suis désolé de le dire.
En effet, au-delà des belles paroles humanistes sur le progrès social, nos décideurs ont tout simplement transféré une charge qui pesait directement sur les entreprises - les Prud'hommes - vers la collectivité des cotisants. La vraie réforme est tout d'abord de supprimer un certain nombre de lois qui permettent aux salariés, la plupart du temps les moins bons et donc les plus coûteux, de se faire indemniser deux fois : une fois aux chômage, une fois par les Prud'hommes. Un salarié un peu astucieux peut réellement vivre très correctement à ne rien faire. La rupture conventionnelle réduit la deuxième indemnisation, mais crée des demandes nouvelles et envoie un signal à tous ceux qui travaillent dans une entreprise : c'est maintenant tellement simple de faire une petite pause indemnisée.
Il faut absolument revenir à des réalités concrètes : qu'est ce qu'un travail pour une entreprise ? c'est purement l'achat d'heures par un employeur qui a besoin de collaborateurs pour arriver à une production. Et donc, l'entreprise n'a pas à indemniser autre chose que des heures de travail. Si cette entreprise n'a plus besoin d'un collaborateur, elle doit pouvoir le remercier sine die. Pour amortir le choc, les politiques ont institué un mécanisme d'indemnités chômage. Avec la rupture conventionnelle, c'est un peu l'institutionnalisation d'un système non pas d'alternance de travail-chômage que l'on a mis en place, mais un système d'alternance travail-pause, laissé au bon vouloir de chaque salarié.
L'une des réponses, pour éviter les abus, est de laisser à un salarié - surtout les cadres - un maximum de 4 mois pour se remettre au travail. Aujourd'hui, les indemnités chômage restent - et j'en fais l'expérience - plus attractives que le travail.