C'est un détail qui a échappé à tout commentaire, mais les banques qui depuis quelques mois se targuent d'avoir redressé leurs comptes n'ont pas soldé tout leur passif. Pressées qu'elles étaient de renouer avec les bonus, donc avec la spéculation, elles ont simplement omis de comptabiliser les 740 000 chômeurs supplémentaires dont elles sont responsables en France entre mi 2007 et fin 2010.
L'Etat est très inventif pour imaginer des impôts nouveaux, mais là, rien. C'est le schéma classique qui prévaut : les entreprises paient les chômeurs, donc les salariés - ils n'en sont pas conscients - paient le surcoût de la crise. Est-ce que quelqu'un proteste ? Non. Est-ce qu'un seul banquier a été en prison ? Non, à part Madoff. Pourtant la planète entière est prête à s'émouvoir pour un banquier du FMI qui a fait souffrir et effrayé quelques minutes une jeune femme, sans doute l'a-t-il traumatisée, et il risque pour cela 74 ans ans de prison. Pour les dizaines de banquiers qui ont fait souffrir 740 000 individus et qui ont mis à mal 740 000 ménages en France pour des mois voire des années : rien. Les entreprises, si peu aidées par les banques, sont priées de payer l'addition.